Chronique d’une mésaventure de voyage 90 heures en Islande à 73$ de l’heure.
Le dimanche 24 mars, je me réveille aussi excitée qu’une enfant de 4 ans qui aurait mangée 8 cup cakespour déjeuner. C’est une journée spéciale car nous partons, mon mari Pierre-Yves et moi, à la découverte de l’Islande pour 5 jours. Un rêve que je chéris depuis quelques années déjà.
Aéroport Montréal-Trudeau : tous les passagers sont dans l’aire d’attente devant les portes. Le vol est prévu pour 19h et l’embarquement à 18h. Le temps passe mais rien ne bouge. 19h05 : tous les passagers reçoivent un message de la compagnie aérienne WoW Air. Le message mentionne que le vol est retardé pour bris mécanique et que nous devons prendre une chambre d’hôtel. Les réponses des membres de l’équipage sont aussi vagues que le message. Une chose est claire, nous devons quitter l’aéroport avec nos bagages, passer les douanes et attendre.
Arrivés au comptoir d’accueil de l’hôtel, l’employé nous mentionne que la carte de crédit virtuelle fournie par WoW Air est refusée. Nous devrons payer de notre poche et communiquer avec la compagnie aérienne pour régler la situation. Ce n’est qu’aux petites heures du matin que nous recevons un message nous mentionnant que le départ vers l’Islande est prévu pour 11h le lundi matin.
Tôt lundi matin, nous prenons un des derniers taxis disponibles vers l’aéroport (Dieu merci, la grève des taxis ne débutait qu’à 7h!) Rendu à l’aéroport, nous refaisons la routine de la veille : accueil, dépôt de bagages, sécurité et attente. Il est 11h et nous sommes assis dans l’avion, mais rien ne se passe. Après plusieurs minutes d’attente le commandant nous avise que nous devons attendre le ravitaillement en essence avant le départ. L’avion prendra finalement son envol à 12 :45.
Nous arrivons en Islande à 22h, heure du pays. Nous avons perdu notre première journée de voyage. Nous devons prendre la route, celle que nous aurions dû faire le matin à la lumière du jour. C’est dans la nuit la plus noire sur une route inconnue que nous devons parcourir les 224 km qui nous séparent de notre première destination.
Ayant déjà perdu une journée sur les 5 prévues à notre voyage, nous sommes tombés en mode « d’efficacité » pour tenter de maximiser le temps qui restait et visiter le plus possible. Pendant les 48 prochaines heures, nous avons parcouru plusieurs kilomètres en voiture, admiré d’immenses glaciers, contemplé la fameuse Diamond Beach, marché contre le vent sur la plage noire de Vik, nous nous sommes décroché la mâchoire devant l’immensité des chutes, avons gravit une montagne, affronté tous les systèmes métrologiques imaginables, mangé, et bu des cafés à 8$.
Jeudi matin, nous arrivons à Reykjavik, la capitale, que nous avions prévu visiter pour la journée. Quelques minutes à peine après notre arrivée, je reçois le message d’une amie qui me partage un article au gros titre : Faillite pour WoW Air, tous les vols sont annulés. Notre intérêt à visiter Reykjavik c’est envolé instantanément… Notre vol de retour était prévu pour le lendemain en fin de journée : nous devions trouver une solution pour retourner à la maison.
Notre chambre d’hôtel est devenue le quartier général de notre nouvelle mission : les options étaient peu nombreuses puisque nous étions sur une île… nage, bateau, pédalo ou avion!
Je téléphone au service à la clientèle de Visa. Ils pourront me rembourser les billets de retours achetés avec WOW Air. Je contacte la ligne d’urgence mise en place par Expédia. Au bout du fil, la dame m’énumère les vols disponibles que je peux voir sur mon écran d’ordinateur. Elle n’a rien à m’offrir pour m’aider et c’est pareil avec le service à la clientèle d’Air Canada. Et plus le temps avance, plus le prix des billets augmentent.
Les médias Québécois font mention que la compagnie Islandair offres des billets d’avion à 100$ aux touristes pris en Islande. Le bureau chef de la compagnie se trouve la porte à côté de notre hôtel. Nous nous présentons donc en personne. Mais on nous regarde comme deux extraterrestres lorsque nous parlons de billets de retour à 100$. En premier lieu, on nous propose des billets pour différentes destinations : New York, Toronto et Vancouver, et prendre le train par la suite pour Montréal. On s’est dit que, de toute évidence, les cours de géographie n’étaient pas requis à l’embauche… Vancouver-Montréal en train, c’est loin d’une solution facile, rapide ou économique. Finalement, aucun billet n’est disponible pour ces destinations avant le 4 avril (nous sommes le 28 mars) et les tarifs sont loin d’être 100$ le billet!
Retour au quartier général qui se change de plus en plus en quartier de crise. C’est impossible pour nous de rester en Islande jusqu’au 4 avril. À 47$ le dîner chez Subway, si on passe une autre semaine ici, on va devoir mettre notre maison en vente à notre retour. Et il y a le travail et les enfants…
On essaie de trouver un vol abordable vers l’Europe. Nous nous disons qu’une fois là-bas ça va être plus facile de trouver un vol vers le Québec. Plus nos recherches avancent et moins l’espoir de ce nouveau plan fonctionne.
Bredouilles, nous retournons chez Islandair en nous disant que nous prendrons ce qu’ils ont à nous offrir, nous n’avons plus d’autres choix. On nous offre 2 billets en direction de Tampa, en Floride, pour le lendemain soir, pour la modique somme de 2 000$! Vendu!
Les coûts engendrés pour nous par la faillite de WoW Air :
- Taxi aller-retour à Montréal 90$
- Billet d’avion Reykjavik – Tampa Floride 2000$
- Billet d’avion Tampa – Montréal 800$
- Hôtel Tampa Floride 280$
Notre retour au Québec nous a couté 3170$ au lieu 398$
Nous avons appris à notre retour que notre vol du 24 mars n’avait pas été retardé pour cause de bris mécanique, mais parce que l’avion avait été saisi par les créanciers directement sur le tarmac. Mais personne à l’aéroport de Montréal n’a cru bon nous aviser.
Peut-être bien qu’un jour nous reverrons la couleur de notre argent. L’important, en attendant, est que tous le monde soit en santé mais, même si on est beaucoup plus pauvre.
Pour mettre un peu de positif à notre histoire, voici quelques photos de notre trop court séjour.